Patrimoine végétal des villes La gestion virtuelle des arbres grâce aux jumeaux numériques

De nouveaux outils numériques permettent de suivre le patrimoine arboré en ville. C’est le cas du service proposé par la société Greehill. Fondée en 2017 à Singapour, elle s’est étendue à d’autres pays à partir de 2021, en commençant par l’Europe. Pascal Goubier, fraîchement embauché pour s’occuper du marché français, a présenté ce nouvel outil lors des 10^es Rencontres « Palette végétale pour les espaces urbains » de Verdir, le 2 février 2023 à Paris*. L’entreprise propose d’inventorier tous les arbres d’une ville grâce à la technologie du jumeau numérique. Il s’agit de représenter virtuellement un objet physique.

Pour générer ces jumeaux numériques, la société fait passer une voiture dans les rues, ou un véhicule plus léger dans les parcs, avec une caméra sur le toit qui enregistre des images grâce au Lidar (télédétection par laser). « Nous capturons un nuage de points précis au centimètre près de l'ensemble de l’environnement urbain », explique Pascal Goubier. Ce processus aboutit à l’obtention de clones numériques des arbres à un instant donné. En combinant à de l’intelligence artificielle, des jumeaux numériques en 3D des arbres sont créés.

Un suivi automatisé

Cette technique, qui peut enregistrer les données relatives à 5 000 arbres par jour, permet de passer à une gestion numérique du végétal et à un suivi automatisé. L’outil fait économiser du temps sur la collecte d'informations – qui sont diverses : analyse structurelle, état de santé, données dendrométriques… – et l'entretien des arbres. Le jumeau numérique peut aussi être utilisé pour effectuer des simulations ou étudier des problèmes (ravageurs, sécheresse...), afin de générer des connaissances qui peuvent ensuite être transposées à l’objet physique original. Pour une mise à jour actualisée, Greehill peut faire repasser le véhicule dans les rues ou les parcs concernés à intervalle régulier : tous les ans par exemple. Cette méthode peut être complétée par de l’imagerie satellite, pour avoir une vue du dessus.

La société est pionnière sur le marché. Après un premier client en 2019, elle s’est déjà implantée dans plusieurs pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Plus les bases de données de l’entreprise seront importantes, plus elle pourra faire de la prédiction de manière précise. Par exemple, dire si les arbres de telle espèce semblent supporter la sécheresse, ou encore dans quelles conditions de plantation telle essence est la plus robuste.
Son objectif pour l’année 2023 :  scanner quatre millions d’arbres à travers le monde.